EN BREF
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Dans un témoignage poignant, Edouard de Dreuzy de Scale et Laura Pernot d’Aloa Bibi, deux entrepreneurs du Pays basque, évoquent leurs récentes liquidations après des années d’efforts. Malgré des idées innovantes, comme la valorisation des écailles de poissons ou la création de produits cosmétiques à base d’Aloe Vera, ils ont dû faire face à des difficultés de traction commerciale et de financement. Tous deux soulignent que l’échec est un processus intime qui engendre une perte de confiance et des défis financiers, sans filet de sécurité. Pourtant, ils retiennent des leçons précieuses et expriment le désir de continuer à avancer, que ce soit par des projets personnels ou des missions de consulting.
La notion de réussite facile est souvent mise en avant dans l’univers entrepreneurial, suggérant qu’il suffit d’avoir une bonne idée pour parvenir à un succès fulgurant. Pourtant, l’expérience d’Edouard de Dreuzy avec sa société Scale et de Laura Pernot avec Aloa Bibi met en lumière une réalité bien plus complexe. Ces deux entrepreneurs basques, malgré des projets prometteurs, ont dû faire face à la liquidation de leurs entreprises. Avec courage, ils partagent les leçons apprises de ces échecs, révélant combien il est difficile de naviguer dans le monde difficile des affaires et comment chaque défi peut également s’accompagner d’opportunités de rebond.
Une vision innovante : Scale et Aloa Bibi
La créativité et l’innovation sont des moteurs essentiels pour toute entreprise. Edouard de Dreuzy, à la tête de Scale, avait pour ambition de valoriser les écailles de poissons dans la création d’un matériau durable, en se basant sur des déchets de la pêche. Installée à Hasparren, la société a navigué entre 2018 et 2023, engendrant un certain engouement autour de sa démarche écologique. « Nous n’étions que huit personnes au moment de la fermeture », se remémore-t-il, faisant part de la souffrance d’une fin inattendue pour une entreprise pourtant porteuse d’avenir.
De son côté, Laura Pernot a fondé Aloa Bibi en juin 2022, proposant une gamme de cosmétiques à base d’Aloe Vera de pulpe fraîche bio. Pendant deux ans, elle a travaillé à faire connaître sa marque, accompagnée de la passion qui l’animait. Mais, comme Edouard, elle
a dû apprendre à gérer les imprévus qui peuvent survenir dans le parcours entrepreneurial.
Les défis de l’amorçage : entre projets et financements
Un des principaux obstacles rencontrés par ces entrepreneurs est le financement, surtout lors de la phase d’amorçage. Edouard souligne que cette étape, bien que cruciale pour générer des revenus tangibles, représente un risque immense. « C’est délicat pour un investisseur de miser là-dessus », explique-t-il, témoignant des ennuis de trésorerie qu’a pu rencontrer Scale. En dépit de certains projets prometteurs et d’une reconnaissance sur le marché, l’absence de traction stable a conduit les dirigeants à une décision amère : celle d’opter pour la liquidation.
De son côté, Laura a également dû faire face à des difficultés d’ordre financier. Son prêt de 50.000 € à la création de sa société, dont 80 % servaient à financer ses stocks, est devenu une charge insoutenable à rembourser. « Fin 2024, j’ai réalisé que je ne pouvais plus faire face », confesse-t-elle. Le chemin vers la rentabilité était semé d’embûches, auquel s’ajoutait une ambition qui lui a parfois joué des tours.
La maladie de la surproduction
À l’instar de nombreux entrepreneurs, Laura a commis l’erreur classique de la surproduction. En achetant 5.000 unités de sa matière première au lieu du minimum requis de 2.500, elle a alourdi ses coûts à un moment où la demande n’était pas encore au rendez-vous. « Cette stratégie agressive s’est retournée contre moi », admet-elle, soulignant l’importance d’une approche pragmatique lors du lancement de produits.
Mécanismes de liquidation : un processus douloureux
Lorsque le moment de la liquidation est inévitable, les entrepreneurs se retrouvent face à un processus bureaucratique souvent perçu comme pénible. Laura, n’ayant que peu d’actifs, anticipe une liquidation rapide pour Aloa Bibi, tout en se préparant à une période de désolation. « Il y a un délai incompressible de six mois avant que la liquidation ne soit définitive », explique-t-elle, à peine soulagée d’avoir pris cette décision difficile.
Pour Edouard, l’expérience de liquidation de Scale a aussi apporté son lot de frustration. Il témoigne du fait que, lorsque la décision est actée, les difficultés ne font que commencer, avec un chemin souvent long et semé d’embûches administratives. « Les mandataires judiciaires ont beaucoup de dossiers et peu de ressources. Leurs interventions peuvent parfois manquer de délicatesse », souligne-t-il.
Répercussions personnelles d’une liquidation
Avoir à gérer une liquidation ne se limite pas à un simple problème économique. Les répercussions sur le plan personnel peuvent être dévastatrices. Edouard évoque un sentiment d’échec qui l’a marqué profondément, afféctant sa confiance en lui ainsi que sa situation financière. « Cela engendre une remise en question de ses propres capacités, un retour sur soi où il est difficile de conserver son réseau et son statut », confie-t-il, ajoutant qu’il n’existe guère de filet de sécurité face à de telles pertes.
Quant à Laura, elle aussi doit continuer à rembourser sa dette personnelle suite à la liquidation de son entreprise. À la suite de cet épisode difficile, elle a réussi à renouer avec son activité de freelance dans le conseil en stratégie. Cependant, la précarité persistante et le défi de retrouver un équilibre restent présents dans son esprit.
Rebondir après l’échec : une nouvelle perspective
Pour Edouard, la reconstruction prend du temps. Malgré les difficultés, il se tourne vers un avenir prometteur, s’orientant vers le consulting dans le domaine du développement durable, en particulier dans le secteur des biomatériaux. « L’économie circulaire est un sujet qui m’anime et il existe encore beaucoup de défis à relever pour accompagner les entreprises », explique-t-il. L’expérience lui a enseigné que la notion d’échec, même si elle peut sembler négative, peut offrir l’opportunité d’une croissance personnelle et professionnelle.
Pour Laura, le chemin de la reconversion lui procure aussi une nouvelle liberté. Bien qu’elle envisage un retour vers une structure salariale pour trouver un peu plus de stabilité, elle ne règle pas son expérience d’entrepreneuriat. « J’ai suivi mon rêve, peut-être naïvement, mais je ne regrette rien. Chaque échec est aussi un apprentissage précieux », affirme-t-elle avec sagesse.
Les leçons à retenir : L’échec comme un tremplin
Au travers de leurs parcours, Edouard et Laura mettent en avant une vérité universelle : la réussite facile n’existe pas. La route du succès est pavée de défis à surmonter, et les échecs sont souvent inévitables. Pourtant, il est essentiel d’en tirer des leçons constructives et de développer les compétences nécessaires pour s’adapter aux défis futurs.
Alors que la société valorise souvent le succès éclatant, les récits de ceux qui ont traversé l’épreuve de la liquidation et qui en sont sortis plus forts témoignent de la résilience dont chaque entrepreneur doit faire preuve. Leurs histoires rappellent qu’après chaque épisode difficile, il y a toujours des mains tendues, prêtes à offrir du soutien et à encourager la reconstruction.
Que ce soit par le biais d’un réseau de soutien comme 60 000 Rebonds ou d’autres communautés d’entrepreneurs, il est fondamental de se rappeler que le chemin entrepreneurial est souvent sinueux et nécessite ténacité et inspiration pour rebondir et évoluer.
Pour plus d’informations sur les défis et les symboles de réussite dans l’entrepreneuriat, consultez des articles tels que ceux présents dans les sites comme Dynamique Mag et Jamm Saint-Louis, qui mettent en lumière divers parcours d’entrepreneurs célèbres et leurs leçons de vie.
Edouard de Dreuzy, ancien dirigeant de Scale, évoque son expérience : « On a eu de beaux projets, la reconnaissance du marché, mais pas assez de traction et de financements. Cette phase d’amorçage, qui permet d’avoir de premiers revenus tangibles, est difficile à financer. » Il souligne la complexité rencontrée lors du lancement de son entreprise spécialisée dans la valorisation des écailles de poissons. En tant qu’entrepreneur, il se confronte à une réalité dure : « À un moment, la trésorerie fait foi. »
Pour Laura Pernot, fondatrice de la marque Aloa Bibi, les défis ne sont pas moins intimidants. En mai 2025, elle engage la liquidation de son entreprise, se rendant compte qu’elle n’était plus en mesure de rembourser son prêt. « J’ai réalisé que je ne pouvais plus rembourser mon prêt de 50.000 € », explique-t-elle, notant que l’échec de son aventure entrepreneuriale a également été une leçon : « J’ai appris tellement de choses. C’est ça le succès. »
Les deux entrepreneurs admettent que l’absence de traction commerciale a constitué un obstacle majeur. Ainsi, Edouard confie que malgré les efforts, la difficulté à trouver des investisseurs a été un coup dur : « C’est délicat pour un investisseur de miser là-dessus. » De son côté, Laura regrette d’avoir pris trop d’ambition dès le départ, avec l’achat de stocks excessifs. « J’ai acheté beaucoup de stock, 5.000 unités alors que le minimum était de 2.500. C’était une erreur de ma part », reconnait-elle.
Le processus de liquidation s’avère être un soulagement pour les deux entrepreneurs. Laura explique qu’avant l’ouverture de la procédure, il y a une phase d’incertitude qui est stressante. « Quand la liquidation est actée, c’est clair. », ajoute Edouard, partageant son ressenti sur la gestion de la procédure. « Le plus difficile, c’est l’incertitude. » Mais, il y a aussi cette réalité amère : les pertes personnelles et professionnelles. « Ça implique une perte de confiance, la remise en cause de ses capacités à faire, une perte de réseau, de statut et une perte financière sèche », confie-t-il.
Tandis que Laura choisit de poursuivre son ancien métier en freelance, Edouard envisage un avenir en tant que consultant dans le développement durable. « Je n’ai pas encore rebondi, mais je suis en bonne voie. Ce qui m’intéresse, c’est l’accompagnement des entreprises dans l’univers de l’économie circulaire. », explique-t-il. Pour lui et Laura, l’apprentissage tiré de cette expérience difficile est précieux, et la notion de succès va bien au-delà de la simple réussite. « La réussite facile n’existe pas », conclut Edouard, tout en notant que « en cas d’échec, il y a toujours des mains qui se tendent ».